Biodiversité

Biodiversité en milieu agricole

Malgré les pressions qui y sont exercées, le milieu agricole demeure généralement plus favorable pour la biodiversité que les zones urbaines ou périurbaines. Plusieurs espèces affectionnent particulièrement le milieu agricole : la perchaude (Perca flavescens), la gélinotte huppée (Bonasa umbellus), le lièvre d’Amérique (Lepus americanus), le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), l’hirondelle bicolore (Tachycineta bicolor), la couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis), etc. Cependant, la conversion des pratiques et du paysage agricoles a entraîné le déclin de nombreuses espèces.

À l’échelle planétaire, c’est environ un million d’espèces qui sont actuellement menacées d’extinction. Au Canada, les populations d’espèces en péril ont connu un déclin moyen de 59 % depuis 1970. En 2010, il était estimé que 58 % des espèces en situation précaire au Québec, soit 88 espèces fauniques, fréquentaient le milieu agricole. Ce sont les oiseaux, dit champêtres, qui montrent les déclins les plus importants. Plus de 60 % de ces oiseaux sont significativement en déclin.

Parmi les causes de déclin des espèces en milieu agricole, notons :

  • La modernisation de la machinerie : La machinerie engendre la mortalité accidentelle pour certaines espèces, dont les tortues et les amphibiens. Les machineries utilisées diminuent la quantité de végétaux résiduels au sol. Ces résidus assurent un abri contre les prédateurs, une source alimentaire et des matériaux pour la construction des nids d’oiseau. La machinerie moderne compacte le sol, le rendant moins propice à la principale source alimentaire de plusieurs oiseaux, les invertébrés.
  • Utilisation d’engrais et de pesticides: Les néocotinoïdes pulvérisés dans les champs ou se trouvant dans les semences enrobées peuvent entraîner des répercussions négatives sur les pollinisateurs et les oiseaux. Des résidus de néonicotinoïdes, solubles dans l’eau, se retrouvant dans les fossés, les cours d’eau et les autres milieux aquatiques peuvent également affecter la reproduction des amphibiens et être ingérés par les espèces s’y abreuvant. Finalement, les pesticides causent une diminution de la quantité de nourriture disponible aux oiseaux et aux chauves-souris, en plus d’entraîner l’ingestion de substances toxiques via les proies contaminées. La période de nidification de plusieurs espèces d’oiseau coïncide aussi avec les périodes de pulvérisation. Jusqu’à 1,2 million d’oiseaux succomberaient aux pesticides chaque année au Québec.
  • La destruction et la fragmentation des habitats: Les habitats naturels (boisés, haies, bandes riveraines, milieux humides, etc.) sont nécessaires à la reproduction, l’alimentation et la survie de plusieurs espèces, dont les pollinisateurs, les chauves-souris et les oiseaux. De plus, le drainage des terres et l’assèchement des milieux humides affectent la reproduction des amphibiens, mais aussi celles des insectes dont se nourrissent les oiseaux et les chauves-souris.
  • Les techniques culturales: L’uniformisation des cultures, l’utilisation d’herbicides et la diminution des engrais verts causent un appauvrissement des ressources florales disponibles pour les pollinisateurs. Les périodes et la fréquence des travaux mécanisés en champs causent une hausse de la prédation et de la destruction des nids ainsi qu’une baisse des populations d’invertébrés. La plupart des activités au champ surviennent au même moment que le pic de reproduction de la plupart des oiseaux champêtres, rendant ainsi extrêmement vulnérables les espèces nichant au sol.

Connectivité écologique

La biodiversité apporte plusieurs avantages en milieu agricole. Les insectes sont responsables de la pollinisation de 70 % des plantes cultivées. Les amphibiens, les chauves-souris et les oiseaux sont d’importants consommateurs d’invertébrés ravageurs des cultures. Les rapaces permettent aussi de contrôler la vermine. La vie microbienne et les invertébrés du sol décomposent et recycle la matière organique favorable aux cultures et maintiennent la structure des sols. Il est donc important de conserver cette richesse.

La connectivité écologique permet de compenser les impacts négatifs de la fragmentation des milieux naturels et de protéger la biodiversité, surtout dans un contexte de changements climatiques. Dans une perspective écologique, on reconnaît aujourd’hui que la configuration spatiale des paysages, c’est-à-dire l’importance relative des différentes composantes (champs, boisés, haies, etc.) et leur arrangement spatial, serait un élément déterminant quant au maintien de la biodiversité. Elle permet également de maintenir les services écologiques rendus à la collectivité, c’est-à-dire les bénéfices que l’humain tire du fonctionnement des écosystèmes (p. exp. approvisionnement en eau, pollinisation, régulation des inondations, etc.).

La connectivité écologique se définit comme étant le degré de connexion entre les milieux naturels. La connectivité entre les milieux est primordiale afin de permettre le déplacement des populations entre leurs habitats et leurs ressources via des corridors ou des chemins de migration. Ces déplacements sont essentiels pour assurer la viabilité des populations et leur permettre d’accomplir leur cycle de vie.

En milieu anthropique, plusieurs éléments peuvent servir de chemin naturel de migration: les bandes riveraines, les haies brise-vent, les petits boisés et les arbres isolés, etc.